Le patron de Toyota craint que la marque ne redevienne ennuyeuse et que le passage aux VE ne fasse que réduire les ventes

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Akio Toyoda a décrit la lutte longue et difficile qu’il a menée, même depuis sa position de patron presque intouchable, pour que le constructeur automobile japonais produise à nouveau des voitures attrayantes. Aujourd’hui, il met en garde contre la facilité avec laquelle le constructeur peut perdre cet avantage et contre le risque que représente la mobilité 100 % électrique.

Ces dernières années, Akio Toyoda a fait figure d’exception parmi les patrons des grandes entreprises automobiles. En effet, il parle de l’électromobilité non pas avec enthousiasme mais plutôt avec dédain. De plus, il ne considère pas les voitures comme de simples moyens de transport, mais les adore et aime les conduire et les faire courir. Cela a été pleinement intégré dans la stratégie du constructeur japonais, qui a lancé le GR86, la Supra, la Yaris GR et la Corolla GR. En outre, Toyoda a également contribué à ce que même la Prius ne soit plus perçue comme une voiture laide au volant de laquelle on ne s’amuse pas du tout.

Toyoda a toutefois renoncé cette année à son rôle de président du constructeur automobile, qu’il occupait depuis longtemps, et n’occupe plus que le poste de président du conseil d’administration. En tant que tel, il n’a plus d’influence directe sur les activités quotidiennes de l’entreprise. Ainsi, le mois dernier, lors d’une réunion avec des concessionnaires, M. Toyoda a admis qu’il commençait à faire des cauchemars à propos d’un retour de Toyota à la stratégie qu’elle préconisait avant son arrivée à la tête de l’entreprise. « Je suis constamment inquiet à l’idée que Toyota redevienne une entreprise médiocre. Quand beaucoup de gens commenceront à avoir cette crainte, il sera trop tard », a-t-il déclaré, littéralement.

Le petit-fils du fondateur de la marque a ajouté qu’il lui avait fallu 14 ans pour faire de Toyota ce qu’elle est aujourd’hui. Un moment clé a été le Concours d’Elégance 2011 à Pebble Beach, où Lexus a dévoilé la nouvelle génération de la GS. Contrairement à son prédécesseur, la GS avait déjà reçu une « bouche de prédateur » appelée « Spindle Grille », ainsi qu’un moteur V8 de cinq litres sous le capot. Cependant, les professionnels et le grand public se sont contentés d’affirmer que « Lexus est ennuyeux ».

Dès son retour, Toyoda s’est donc adressé aux ingénieurs dans leur tour d’ivoire, comme il le dit lui-même, mais ils l’ont informé qu’ils « n’avaient aucune donnée à ce sujet et qu’ils n’avaient enregistré aucune plainte ». Cela prouve à quel point les constructeurs automobiles sont déconnectés de leurs clients, ce qui explique aussi qu’ils continuent de croire en l’électromobilité, même si la clientèle ne brûle pas d’envie de s’engager dans cette voie. Mais revenons à la GS. Toyoda ajoute que « même lorsque j’ai changé d’approche et que je leur ai demandé de conduire une voiture que je jugeais meilleure à des fins de comparaison, ils m’ont répondu que, sur le papier, les voitures n’étaient pas meilleures. C’était vraiment difficile », dit-il aujourd’hui.

Le patron du constructeur automobile a donc dû batailler ferme, même depuis sa position très puissante, pour amener ses subordonnés à faire ce qu’il voulait qu’ils fassent. Mettre un gros moteur sous le capot d’une berline de direction peut sembler une bonne chose à première vue, mais si l’on n’associe pas le moteur à la bonne boîte de vitesses, si l’on n’ajoute pas le bon son d’échappement, si l’on ne joue pas avec le châssis, l’extérieur et l’intérieur, on n’a fait que la moitié du chemin. Et même si l’on met en œuvre tout ce qui précède, cela peut ne pas suffire.

Mais les choses se sont déroulées comme le voulait le petit-fils du fondateur. Toutefois, c’est précisément parce qu’il s’est mis en retrait que Toyoda met en garde contre un retournement de situation qui, selon lui, même après 14 ans de travail sur les changements, « peut survenir très rapidement ». Il s’inquiète également pour Lexus, qui a déjà annoncé qu’elle serait une marque entièrement électrique à partir de 2035. « Environ un milliard de personnes dans le monde aujourd’hui n’ont pas d’électricité, n’ont pas de capacité de recharge et disposent d’une infrastructure limitée. Cela signifie que même si Toyota propose une offre globale, Lexus ne sera pas disponible dans certaines régions. Nous devons nous préparer à cette éventualité », a ajouté M. Toyoda, en précisant qu’une telle décision ne ferait que réduire les ventes et ne profiterait à personne.

Une fois de plus, c’est Toyoda qui appelle un chat un chat. Car tous les autres comptent sur le fait que d’ici deux ou trois ans, les mentalités changeront et que les gens accueilleront soudain l’énergie des batteries avec enthousiasme. Personne ne sait comment cela peut se produire alors que de nombreuses personnes ne peuvent même pas s’offrir une voiture d’occasion à combustion interne plus récente à la place de celle qu’elles possèdent. Tout cela n’est que de la foi, une foi aveugle.

Akio Toyoda, petit-fils du fondateur du constructeur automobile, est à la fois un passionné d’automobile et un opposant à l’imposition des voitures électriques. Mais comme il a pris du recul, il s’inquiète du sort de la marque. Ses subordonnés ne partagent pas les mêmes vues, ce qui pourrait à nouveau égarer la marque. Photo de l’entreprise : Toyota

Source : Carscoops

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