Porsche gardera les pieds sur terre et offrira aux clients ce qu’ils veulent aussi longtemps qu’elle le pourra.

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C’est la stratégie commerciale la plus primitive et la plus éprouvée qui soit, mais la plupart des constructeurs automobiles d’aujourd’hui ne veulent pas en entendre parler. Ils bourrent donc littéralement les clients avec ce qu’ils refusent explicitement, mais la marque de Zuffenhausen pense autrement.

Il est étonnant de constater à quel point le monde de l’automobile a changé au cours des vingt dernières années. Alors qu’il s’agissait autrefois d’une question d’individualité, avec des moteurs atmosphériques, des boîtes de vitesses manuelles et d’autres solutions sous-techniques disparaissant de la vente sous la pression réglementaire malgré leurs avantages indéniables, il s’agit aujourd’hui davantage d’une question de principe. Les constructeurs automobiles ont commencé à ignorer complètement ce que les gens veulent réellement, ce qu’ils peuvent se permettre d’acheter, ce qu’une voiture doit pouvoir faire pour leur être utile et pour qu’ils aient une raison de dépenser de l’argent pour elle. Il y a vraiment un décalage incroyable entre l’offre et la demande, et c’est toujours pour la même raison principale – des réglementations politiques déconnectées de la réalité. Mais il serait commode de tout mettre sur le dos des politiciens, de Bruxelles ou de toute autre cible habituelle.

Les constructeurs automobiles eux-mêmes, qui se sont confortablement installés dans cette position, ont un rôle à jouer. Savez-vous combien il faut travailler pour continuer à se battre pour les clients ? Suivre les tendances du marché, les progrès des concurrents, se comparer toujours à quelqu’un d’autre, essayer de faire quelque chose… Lorsqu’un bouclier politique vous offre le confort apparent de la perspective qu’une solution spécifique à ceci ou à cela sera imposée, qui sera en même temps la seule à pouvoir être légalement vendue sur le marché, il est difficile de ne pas succomber à cette tentation. Tout d’un coup, vous n’avez plus à vous soucier de rien – vous investissez dans une seule direction, et les idées des clients peuvent être sans importance. Toutefois, cette approche oublie que quelqu’un doit toujours acheter votre voiture, et qu’il ne faut donc pas trop tirer sur la corde. Alors que les gens mordent sur les turbos au lieu des atmosphères, même si beaucoup d’entre eux ne le savent même pas, une telle voiture électrique au lieu d’une voiture à combustion est soudainement inacceptable pour la plupart d’entre eux.

Pourtant, les constructeurs se sont stupidement et complètement fourvoyés dans cette direction, pensant que si A, B et C fonctionnaient, il en irait de même pour G et Z. Ce n’est pas le cas et, dans ces conditions, nous devons nous réjouir de toute marque capable de prononcer une simple incantation : Si quelqu’un nous dit de faire quelque chose, nous n’avons pas d’autre choix que d’y obéir, mais nous suivrons les souhaits premiers de nos clients aussi longtemps que nous le pourrons.

C’est exactement ce que fait Porsche, qui continue de refuser de proposer uniquement des voitures électriques, n’a jamais succombé à l’attrait des purs moteurs suralimentés et refuse également de proposer uniquement des transmissions automatiques. Pourquoi ? Parce que sa clientèle veut autre chose. Et elle entend s’en tenir à cette approche.

Frank Moser, responsable des familles de modèles 911 et 718 (c’est-à-dire Cayman et Boxster), veut donc s’en tenir à tout ce qui précède, même à la disponibilité d’un changement de vitesses manuel. Et il n’a pas l’intention de suivre la voie de certains concurrents qui n’hésitent pas à proposer des VE avec un faux manuel qui ne fait que simuler un changement de vitesse manuel. « Nous voulons – et c’est essentiel pour Porsche – que tout ce que nous faisons soit authentique. C’est pourquoi il nous est impossible de proposer un trio de pédales dans une voiture électrique », explique M. Moser. Les versions à combustion de la 911 et de la 718 conserveront toutefois la boîte manuelle.

« La transmission manuelle a toujours été ce que les clients souhaitaient pour la 911. Nous avons donc toujours travaillé dur pour les préserver. C’est tout à fait pertinent dans le cas présent. C’est pourquoi la 911 T est équipée d’une boîte de vitesses manuelle et la 911 S/T l’est également, pour la même raison : c’est ce que veulent les clients », poursuit M. Moser. Et ces mots sonnent très bien aujourd’hui, car Porsche garde les pieds sur terre.

Mais en même temps, il faut ajouter que la marque est dans une position très avantageuse, où elle n’a pas à se soucier des amendes pour les émissions excessives de CO2 associées aux moteurs atmosphériques, aux boîtes de vitesses manuelles ou même aux groupes motopropulseurs à combustion interne en tant que tels. Et c’est là le pire de la réalité.

En fait, les solutions les plus ordinaires deviennent de plus en plus l’apanage des riches, qui peuvent se permettre d’utiliser leurs revenus pour couvrir des coûts artificiellement gonflés. Skoda s’en fout, Porsche s’en fout aussi, mais pensez-vous que si quelqu’un paie 5 millions de livres pour une 911 GT3 avec un moteur atmosphérique et une boîte manuelle aujourd’hui, il ne paiera pas 6 livres l’année prochaine et 7 livres les deux suivantes ? Il y a certainement une limite à l’invendabilité ici aussi, mais l’offre de Porsche est tellement unique que « quelques millions » ne dissuaderont guère la clientèle. Les autres marques ne sont pas dans cette situation et on ne peut donc pas attendre d’elles qu’elles fassent autre chose que de se taire. Aller à l’encontre de cette commodité pourrait les rattraper autant que l’inverse.

Porsche a l’intention de s’en tenir non seulement aux moteurs à combustion interne, y compris les moteurs atmosphériques, mais aussi aux boîtes de vitesses manuelles. Fait inhabituel, le constructeur automobile tient tellement à ce que les clients l’emportent sur les politiciens et les autorités qu’il est l’un des rares à pouvoir se le permettre. Photo : Porsche

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