La légendaire Tatra a réécrit l’histoire en battant des records d’aérodynamisme. Elle a fasciné les Britanniques il y a 90 ans et elle est encore fabriquée aujourd’hui.
La légendaire Tatra a réécrit l’histoire en battant tous les records aérodynamiques. Elle a fasciné les Britanniques il y a 90 ans, et ils la fabriquent encore aujourd’hui.
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Peu de voitures sont entrées dans l’histoire comme l’œuvre emblématique de Hans Ledwinka, sous le regard de Ferdinand Porsche. La supériorité technique et l’aérodynamisme de la voiture garantissaient également une dynamique impressionnante et une expérience de conduite extraordinaire.
Selon un mythe populaire, les nazis n’avaient pas le droit de conduire la Tatra T77. La raison en était les vitesses élevées atteintes par la voiture. Cependant, les Allemands n’étaient pas en mesure de supporter un tel rythme, et c’est pourquoi la voiture en comptait plus que de nombreuses unités de partisans.
Il s’agit bien sûr d’un non-sens, d’une propagande de l’époque destinée à remonter le moral des Tchèques. La Tatra 77 n’avait pas seulement l’une des carrosseries les plus aérodynamiques de l’histoire, qui a battu des records même des décennies après sa naissance. À l’époque, c’était aussi une voiture qui permettait au conducteur de faire beaucoup plus que la quasi-totalité des produits concurrents. En 1935, même le journal britannique Autocar chantait ses louanges, ses rédacteurs déclarant que « compte tenu de son poids (environ 1 700 kg) et de sa cylindrée, elle se comportait très bien et les pentes de la route n’étaient pas affectées ».
« La conduite était très confortable et la descente à travers les différents nids-de-poule et nids-de-poule de la route était pour le moins stupéfiante. Aucun des quatre occupants de la voiture n’aurait traîné une autre voiture normale sur une telle surface, même à mi-vitesse. À l’intérieur, les chocs étaient minimes », rapportaient les Britanniques il y a près de 90 ans. Mais leur admiration est toujours aussi évidente aujourd’hui, comme en témoigne un article datant de quelques jours qui vient de paraître dans le plus ancien magazine automobile du monde.
Kris Culmer y souligne que des caractéristiques telles que la suspension indépendante, les supports de moteur arrière, une meilleure répartition du poids entre les essieux et l’aérodynamisme étaient déjà connues au moment de l’arrivée de la Tatra 77. Cependant, seule l’usine automobile de Kopřivnice a réussi à tout mettre en œuvre. Le châssis à colonne vertébrale, inventé par Hans (ou Jan) Ledwinka avec son fils Erich et son collègue Erich Überlacker, est à l’origine du succès de la légende. Il a été utilisé pour la première fois sur la Tatra 11.
La petite voiture des années 1920 avait cependant une carrosserie carrée, comme la plupart des voitures dix ans plus tard, avec l’arrivée de la Tatra 77. Ses formes ont été créées dans la soufflerie du Zeppelin, où son concepteur Paul Jaray avait déjà travaillé. C’est chez son ancien employeur qu’il s’est rendu compte que le monde de l’automobile ne comprenait pas grand-chose à l’aérodynamique. Cependant, même lui n’est pas entièrement satisfait de la première version, qui atteint un Cd de 0,25 (la moyenne de l’époque est de 0,7).
Jaray revient donc sur la voiture en 1935, date à laquelle Tatra lance la version 77a, dont le moteur huit cylindres voit sa cylindrée passer de trois à 3,4 litres. La puissance passe de 60 à 75 ch et la vitesse maximale de 145 à 150 km/h. Le mérite en revient également à la carrosserie plus souple, pour laquelle Jaray a obtenu un coefficient Cd de 0,212. La nouvelle version est également dotée d’un phare avant central, dont le système électromagnétique spécial lui permet de se déplacer latéralement et d’éclairer les trottoirs ou les virages.
Le Tatra 77 mesurait 5 130 millimètres de long et avait un empattement de 3 150 millimètres, tandis que la version 77a était allongée à 5 410 et 3 250 millimètres. Comme on pouvait s’y attendre, l’espace intérieur était généreux, tant pour les sièges avant que pour les sièges arrière. Parallèlement, Tatra décide que ses petites voitures se vendent très bien et qu’il n’est pas nécessaire que le nouveau venu les concurrence. La 77 s’oriente donc vers la sphère du luxe, où elle séduit Miloš Havel ou Edvard Benes.
Les Tchèques ont donc bien créé une véritable légende, et non un croquemitaine nazi. Le « Führer » lui-même, c’est-à-dire Adolf Hitler, l’a d’ailleurs confirmé en déclarant à Ferdinand Porsche : « C’est la voiture de mes autoroutes ». Le natif de Vratislavice fut alors très inspiré par le travail de Ledwink. Il dira plus tard que « parfois je regardais par-dessus son épaule et parfois il regardait par-dessus la mienne ». Mais il s’agissait manifestement davantage de Porsche, puisque Volkswagen a dû verser à Tatra 90 000 livres sterling à titre de dédommagement en 1965.
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Au total, un peu plus de 250 exemplaires de la Tatra 77 ont été construits, y compris les prototypes. Il n’est donc pas surprenant que lorsqu’une voiture apparaît aux enchères, surtout en parfait état, des millions affluent de toutes parts. Photo : RM Sotheby’s : RM Sotheby’s, documents de presse
Source : Autocar
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