Selon le patron de Bosch, la transition vers les voitures électriques prendra des décennies, et non des années. On ne peut pas forcer les clients à les adopter, certaines voitures ne peuvent pas être électrifiées

La transition vers les véhicules électriques prendra des décennies, et non des années, affirme le patron de Bosch. On ne peut pas forcer les clients à les adopter, certaines voitures ne peuvent pas être électrifiées

La transition vers les véhicules électriques prendra des décennies, et non des années, affirme le patron de Bosch. On ne peut pas forcer les clients à les adopter, certaines voitures ne peuvent pas être électrifiées

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Même le plus grand fournisseur mondial de composants automobiles ne pense pas qu’il soit possible de s’approcher de l’électrification complète des voitures en quelques années, comme certains en ont rêvé. En outre, il reconnaît avec réalisme que pour certaines voitures, ce n’est pas du tout une question de temps, mais de faisabilité technique pure et simple.

Il est probablement clair pour tout le monde maintenant que ceux qui rêvent d’une électrification à outrance du transport de passagers ont connu une grande dégringolade au cours des derniers mois. Et, franchement, pour nous aussi, cela arrive plus tôt que prévu. Il était évident que les ventes de voitures exclusivement électriques en 2026, 2028 ou 2030 dont parlaient certains constructeurs automobiles étaient aussi irréalistes que l’idée d’interdire la vente de tout autre véhicule cinq ans plus tard. Mais nous supposions que les partisans de ces idées, absurdes dès le départ, s’obstineraient à les poursuivre jusqu’à l’autodestruction.

Cela ne s’est pas produit, et à part quelques exceptions insignifiantes, aucune entreprise automobile ne continue aujourd’hui à insister sur ce qu’elle prêchait tranquillement il y a à peine un an ou deux. Même Lawrence Stroll, le grand patron et actionnaire majoritaire d’Aston Martin, a fait savoir, selon Reuters, que « la demande de voitures électriques, certainement au prix des Aston Martin, n’est pas ce que nous pensions il y a deux ans ». Si même Aston Martin n’arrive pas à vendre l’idée de la propulsion électrique pure comme une solution viable à ses clients multimillionnaires, comment Skoda, par exemple, pourrait-elle envisager une telle chose ?

Ce n’est peut-être plus le cas, ou du moins cela ne devrait plus l’être. Même Stefan Hartung, le directeur de Bosch, le plus grand fournisseur mondial de composants pour les constructeurs automobiles de toutes sortes, ne le conseillerait pas aujourd’hui. Dans une interview accordée au journal allemand The Pioneer, il a déclaré que la fin des voitures à combustion interne était pratiquement impensable, car ces véhicules seront encore nécessaires sur le marché pendant des dizaines d’années. Selon lui, l’électrification du transport automobile n’est pas un processus qui s’étale sur des années, mais sur des décennies. Et il faudra au moins 30 à 35 ans avant de voir ce que l’on pourrait appeler une révolution.

« Même si les 90 millions de voitures produites chaque année dans le monde étaient immédiatement converties en véhicules électriques, il faudrait environ 16 ans pour renouveler l’ensemble du parc automobile », calcule M. Hartung. Même si tout se passait aujourd’hui selon les scénarios les plus optimistes, « il faudrait deux fois plus de temps, au moins 30 à 35 ans, pour électrifier toutes les voitures dans le monde ». Même dans ces conditions, certaines voitures ne seront de toute façon pas électriques, affirme le patron de Bosch.

M. Hartung insiste donc sur le fait que les voitures à combustion interne continueront d’être disponibles dans son pays d’origine, l’Allemagne, et a fortiori ailleurs. « On ne peut pas forcer les clients à ne pas les utiliser (les voitures à combustion interne) », déclare-t-il, ajoutant qu’on ne peut tout simplement pas forcer les acheteurs à acheter quelque chose qu’ils ne veulent pas et qui ne leur convient pas. Il ajoute judicieusement que si l’électrification des transports devait être aussi complète que certains l’imaginent, elle nécessiterait l’arrivée de solutions qui n’existent pas encore ou qui sont même en cours de développement.

Comme exemple extrême, il cite les machines de récolte qui ne peuvent tout simplement pas fonctionner à l’électricité. « Elles fonctionnent jusqu’à douze heures par jour et ont besoin de 250 à 300 kilowatts d’énergie par heure pour fonctionner. Avec la batterie nécessaire, une telle voiture s’enfoncerait probablement dans le sol », poursuit M. Hartung. Et ce n’est pas seulement le cas de ces machines ; pratiquement toutes les activités automobiles gourmandes en énergie sont incompatibles avec la technologie électrique actuelle si l’on veut qu’elles soient viables sur le plan économique ou pour l’utilisateur.

Néanmoins, il continue de considérer le marché des VE comme « fondamentalement en croissance », mais estime que son avenir n’est pas clair. « Comme nous l’avons entendu de la part des constructeurs automobiles, la montée en puissance est plus lente que prévu », a poursuivi le chef de Bosch, reprenant en substance les propos de Lawrence Stroll. Lorsqu’on lui demande si la date de la fin du moteur à combustion interne dans l’UE n’a pas été annoncée trop tôt, le directeur répond diplomatiquement : « L’important, en ce qui concerne les objectifs climatiques, c’est que nous ayons fixé une date », a-t-il déclaré. Nous ne sommes certainement pas d’accord, mais les commentaires de M. Hartung peuvent être considérés comme étonnamment ouverts, critiques et, pour certains, peut-être même révélateurs, compte tenu de sa position.

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Le patron d’une entreprise automobile du calibre de Bosch ne sera jamais celui qui divulguera aux médias des déclarations politiques très critiques. Mais dans ce contexte, les propos qu’il a tenus lors d’une interview avec The Pioneer peuvent être considérés comme étonnamment candides. Photo : Bosch

The Pioneer, Reuters

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