Tesla a établi un record pour une voiture électrique sur le circuit le plus difficile du monde, mais il n’y a pas de quoi se vanter.

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Est-ce vraiment un symbole de progrès lorsqu’une voiture dont les performances dépassent même celles de la Bugatti Veyron n’arrive même pas à battre une voiture à combustion interne de 2008 presque deux fois moins puissante ? Et qu’elle ne bat que de quelques secondes un concurrent de conception similaire, lui aussi nettement moins puissant ?

J’ai fait le tour de l’enfer vert ou de la boucle nord du Nürburgring un nombre incalculable de fois dans ma vie, c’est l’un de mes circuits préférés. C’est l’un de mes circuits préférés, car si vous voulez faire un très bon tour, vous devez rester concentré pendant 20 832 mètres. C’est un véritable défi, et c’est pourquoi je m’inclinais toujours devant ceux qui réussissaient à franchir plus de 170 virages et 300 mètres de dénivelé. Mais depuis quelques années, il ne se passe pas une semaine sans que quelqu’un ne s’enorgueillisse d’un nouveau record.

L’accélération constante des voitures ne me pose pas de problème, ce sont les services marketing de certaines marques qui me gênent. Leurs dirigeants ont découvert qu’il est plus difficile que jamais d’impressionner le public, alors ils ajoutent à une accélération impressionnante à 60 km/h, une vitesse de pointe élevée, une faible consommation de carburant ou une grande sécurité, le meilleur temps possible sur l’Eifel. D’un côté, pourquoi pas, mais lorsque Skoda s’est vanté d’un record en 2018, je me suis dit que le cirque marketing avait atteint son point le plus bas (ou le plus haut, c’est vous qui décidez). Le Kodiaq RS est effectivement devenu le SUV sept places le plus rapide sur l’anneau à l’époque. Mais le temps de 9 minutes et 29 secondes n’avait rien d’époustouflant : en tant qu’amateur, je l’avais déjà réalisé il y a longtemps avec des voitures bien plus faibles, moins chères et généralement plus ordinaires.

Si j’étais branché sur la même vague de marketing, je pourrais me considérer comme un détenteur de plusieurs records. En fait, je suis sûr qu’il n’y a jamais eu de meilleur moment pour qu’une personne portant le même nom prenne le volant de la même voiture avec la même plaque d’immatriculation. Bien sûr, il ne s’agit pas d’effacer tous les efforts des constructeurs en les jugeant complètement inutiles. Mais plus que jamais, il faut savoir lire entre les lignes et replacer les résultats dans leur contexte.

Pour l’instant, je ne vois vraiment pas pourquoi nous devrions tirer notre chapeau à Tesla. Le constructeur automobile a annoncé qu’une Model S Plaid équipée du Track Package a établi un record avec un temps de 7 minutes et 25,231 secondes. Mais il ne s’agit pas d’un record absolu, mais d’un record pour les voitures électriques. C’est-à-dire pour celles qui, selon leurs créateurs et promoteurs, sont censées représenter un progrès absolu. Mais le temps en question ne représente pas grand-chose – la Plaid est un peu plus lente que la Ferrari Enzo, qui a traversé l’enfer vert en 2008. Et même si nous prenons une voiture un peu plus facile à conduire, nous sommes au même niveau que la BMW M3 actuelle, avec ses 510 ch. La S Plaid a besoin de 1 034 ch pour être aussi rapide, est-ce un progrès ?

La Tesla n’est donc dépassée que par la Porsche Taycan Turbo S, qui a bouclé le circuit en 7 minutes et 33,35 secondes l’année dernière. Huit secondes pour un circuit de 21 km, ce n’est pas une différence spectaculaire, surtout si l’on compare la puissance – il y avait, après tout, 300 chevaux de moins et un moteur électrique de moins du côté de Zuffenhausen. Il n’y a donc pas vraiment de quoi se vanter.

La Model S Plaid a bouclé la boucle nord du Nürburgring en 7 minutes et 25,231 secondes. De quoi applaudir ? Nous vous laissons le soin de répondre à cette question, mais en ce qui nous concerne, nous nous contentons de secouer la tête et d’essayer en vain de trouver une longueur d’avance sur les voitures à combustion. Photo : Tesla

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